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La charte universitaire tunisienne

Depuis la chute du régime autoritaire, et au même titre que toutes les institutions de l’État, l’Université tunisienne connaît une mobilité remarquable qui vise à consolider et à développer ses rôles sociétaux, étant donné que l’ancien pouvoir politique a toujours cherché à limiter ses fonctions ou à les exploiter politiquement. Cependant, cette transition n’est en elle-même pas exempte d’obstacles, en particulier de l’apparition de forces radicales qui cherchent à imposer à l’université une manière spécifique de penser et à l’adapter à leurs perspectives idéologiques, ce qui a créé des conflits au sein des institutions universitaires qui ont vécu ainsi des violations physiques et morales.

En réaction à ces menaces contre les principes fondamentaux du monde académique, un groupe d’acteurs universitaires et de représentants de l’Association Tunisienne pour la Défense des Valeurs Universitaires se sont penchés sur la question afin de formuler «La Charte Universitaire Tunisienne». Pendant deux ans, entre 2015 et 2017, et en partenariat avec le Bureau de Coopération Académique de la Fondation Rosa Luxemburg, l’association a organisé des séminaires à Tunis, Sousse et Sfax, ainsi que des colloques internationaux regroupant différentes parties et personnalités représentant le monde universitaire.

Ces efforts ont abouti à la publication d’un livre de 300 pages intitulé «Liberté académique et la charte universitaire en Tunisie et ailleurs». Le livre est édité par Habib Mallakh, président de l’Association Tunisienne de Défense des Valeurs Universitaires, et contient des articles en arabe et en français qui abordent des sujets liés aux expériences d’établissement  de la liberté académique, au rôle de l’université, aux difficultés rencontrées pendant les périodes de transition démocratique et aux discussions sur l’importance et la nécessité de développer une charte universitaire.

l Le plus important objectif a été atteint le 15 mai 2017, avec l’émission et la signature de «La Charte Universitaire Tunisienne» lors d’une réunion festive à laquelle ont participé des représentants d’universités, de personnalités symboliques, d’artistes et d’activistes de la société civile. La Fondation Rosa Luxemburg a imprimé un nombre limité de la charte de 61 pages, qui comprend une introduction préparée par Habib Mallakh le texte de la charte en 20 pages, et une annexe détaillant les étapes qui ont conduit à la naissance de cette initiative, les détails du travail participatif dans la rédaction de la charte et les motivations de sa formulation.

Outre le préambule, la charte comprend deux sections: la première s’intitule «De la liberté académique, de l’autonomie de l’université et de sa bonne gouvernance», et la deuxième partie a pour titre «De la responsabilité, des obligations professionnelles, et de l’éthique ». Les deux sections contiennent des définitions détaillées des concepts précédents, en expliquant leurs significations et leurs effets scientifiques conformément aux codes internationaux et nationaux, dans une perspective comparative.

En mettant la charte à la disposition du public, nous espérons la diffuser le plus largement possible afin que les personnes concernées puissent la signer et l’adopter, et atteindre les personnes intéressées en Tunisie et à l’étranger afin de souligner davantage l’importance de son existence dans la vie universitaire, pour défendre l’indépendance de celle-ci vis-à-vis des systèmes politiques, son immunité contre l’exploitation idéologique, sa détermination des droits et devoirs, et bénéficiant de l’expérience acquise dans l’élaboration de la charte.